Keith Cohen

Denizé Lauture

Cauchemar des feuilles (The Leaves’ Nightmare);Arbre mort( Dead Tree); Règne des cendres (Reign of Ashes); Prologue (Prologue): Denizé Lauture, translated by Keith Cohen


Cauchemar des feuilles

Les oeufs contenant les vermines triangulaires sont éclos.
Les nouveaux monstres de l’histoire tournent, tournent en rond,
Braquant leurs angles terminalistes
Sur les aubes des plus beaux boutons de rose.

Maudite soit cette nuit où le cosmos en rut
A avalé le sperme fatal.
Et maudite soit cette cervelle naïve
Qui a procédé à la déténébration du terrible rejeton :
Il a accouché la synthèse des fous,
Le triangle des déments,
La conification de l’enfer.

Les déserts brûleront et resteront déserts.
Mais, qui racontera le cauchehemar des feuilles ?
Tourne, tourne méteore d’amour
Au magnétisme irrésistible
Sorti l’on ne sait où des ténèbres.
Tu éternises les plaints des rocs ;
Les soubresauts des abîmes.
Et c’est certain que tu éterniseras
Les hurlements effrayants de la dernière torche animale
Tourne, tourne
Et pour les millénaires du silence
Retiens aussi le cauchemar des feuilles

Si le papillon se remue trop dans ses rêves
Si la rosée est un peu trop drue
Si la brise du soir est un peu trop forte,
L’aube nous trouve, feuilles tombées.

Si l’oiseau sur la branche bat trop ses ailes
Si la pluie est trop abondante
Si le vent se met un peu en colère,
L’aube nous trouve, feuilles éparpillées.

Au premier souffle frigide de l’automne
À la tombée du premier flocon de neige
Avant même le premier gel,
Nous sommes déjà, feuilles mortes.

Si le ciel devient sec pendant deux ou trois jours
Si les rayons du soleil sont en érection d’un jour à l’autre
Et si la foudre, comme un orgasme électrocuteur, nous frôle,
Nous sommes déjà, feuilles brûlées.

Quand les fleuves seront des fournaises roulantes,
Quand l’atmosphère sera un immense voile de feu
Quand les océans seront des abîmes bouillonants,
Qu’adviendra-t-il de nous ?
Nous les plus fragiles nourrissons de la terre . . .

The Leaves’ Nightmare

The eggs containing triangular vermin are hatched.
The new monsters of history turn, circle around,
Aiming their end-point angles
At the fairest rosebuds’ dawns.

A curse upon this night when the cosmos in heat
Swallowed the fatal sperm.
And a curse upon this naïve brain
That carried out the undarkening of the horrible offspring:
It gave birth to the synthesis of madmen,
The triangle of the demented,
The douchebagging of hell.

Deserts will burn and remain deserted.
But who will tell the tale of the leaves’ nightmare?
Turn, turn, meteor of love
With the irresistible magnetism
Arisen who knows where out of darkness.
You perpetuate the rock’s groaning;
The jolts of the abysses.
And it is certain that you will perpetuate
The fearsome howling of the last animal torch.
Turn, turn
And for the millennia of silence
Remember, too, the leaves’ nightmare.

If the butterfly stirs too much in its dreams
If the dew is a bit too heavy
If the evening breeze is a little too brisk,
Dawn finds us, fallen leaves.

If the bird on the branch flaps it wings too much
If the rain gets too heavy
If the wind becomes a bit incensed,
Dawn finds us, scattered leaves.

At the first frigid breath of autumn
With the first snowflake that falls
Even before the first freeze,
We are already dead leaves.

If the sky becomes dry for two or three days
If the sunrays are in erection from one day to the next
And if lightning, like an electrocuting orgasm, grazes us,
We are already burnt leaves.

When the rivers are rolling furnaces,
When the atmosphere is one immense veil of fire
When the oceans are boiling gulfs,
What will become of us,
The most fragile newborns on earth . . . ?


Arbre mort

Un jour, tes feuilles se sont mises a jaunir.
Sans rien comprendre
Tu as vu ta fraîche robe de verdure
Se métamorphose en un jaune cendre.

Puis avec indolence, une par une,
Elle se sont mises à tomber.
La brise qui soufflait
Les a toutes emportées
Loin de toi, bien loin de toi.

Sans ta sève nourrissante,
Toutes, elles pourriront,
En fumier se transformeront
Pour faire croître d’autres pousses
Qui ne sauront jamais
Qu’elles te doivent leur croissance.

Toi, tronc défeuillé
Dont toute la sève va couler
Jusqu’à la dernière goutte
Tu as perdu et ton charme et tes atouts.

Tu n’as plus de ces feuilles,
Toutes, couvertes de rosée
Où le matin l’oiselet se baignait
En égrenant ses notes claires
Aux premières lueurs du soleil.

Tu n’as plus ta robe fraîche et verte
Dont l’ombre du bas glissait
Sur les visages admiratifs des passants
Au souffle d’une brise douce.

Tu ne produiras plus de ces succulents fruits
Pour lesquels te grimpaient le enfants hardis
Et qu’à belles dents ils dégustaient.

La nature pour toi s’est faite cruelle.
Tu ne recevras plus rien d’elle
Tu n’es plus qu’un objet de profond mépris.

Tu n’as plus de charme, ciel !
Ni pour le passant,
Ni pour l’enfant,
Ni pour l’oiselet,
Ni même pour les autres arbres
Auxquels tu ne te joindras plus
Dans la douce cadence
Au gré du vent.

Alors, inanimé, tu restes debout
Attendant immobilement le jour
Où tes raciness complètement pourries
Ne pouvant plus te supporter
Te laisseront tomber.

Arbre desséché
Dont l’écorce sèche se fend,
Se rompt et tombe sous les coups de soleil
Le sort de l’homme malheureux
Qu’on abandonne à lui-même
Quand il a verse ses dernières gouttes de sueur
Est tout semblable à ta misère.

Mais toi, tu ignore le feu qui te dévorera
Et t’en fais peu de la nature ou de la terre hostile.
Mais lui, il est aplati
Entre la crainte obsédante d’un enfer
Et les tournants toujours plus à l’improviste
Du mépris et de l’injustice
Jusqu’au jour où la mort
Enfin le prenant en pitié
Viendra et lui fera tout oublier.

Dead Tree

One day your leaves began to yellow.
Uncomprehendingly
You watched your fresh green gown
Metamorphose into an ashen yellow.

Then, indolently, one by one,
They started to fall.
The billowy breeze
Carried them all off
Far from you, very far from you.

Without your nourishing sap,
They will rot, all of them,
Will transform into manure
To make other sprouts grow
That will never know
They owe to you their growth.

You, defoliated trunk
Whose sap will to the last drop
Run out,
You’ve lost both your charm and your qualities.

You have no more of these leaves,
All of them covered with dew,
Where the little morning bird bathed
Chanting its clear notes
With the first beams of the sun.

You have no more your fresh green gown
Whose low-lying shade glided
Along the admiring faces of passersby
With the breath of a soft breeze.

You’ll no longer produce those succulent fruits
That the bold children climbed to get
And that they savored with beautiful teeth.

Nature has become cruel for you.
You will receive nothing more from her.
You are no more than an object of profound contempt.

Sky, you have charm no more!
Neither for the passerby,
Nor for the child,
Nor from the bird,
Nor even for the other trees
With whom you’ll no longer join
In the soft cadence
In time with the wind.

Then, inanimate, you remain standing
Awaiting motionlessly the day
When your totally rotten roots
No longer able to hold you up
Will let you fall.

Dried out tree
Whose dry bark cracks,
Breaks apart and falls under blows of the sun,
The fate of unfortunate man
Left to himself
When he has shed his last drops of sweat
Is just like your misery.

But you do not know the fire that will consume you
And care little about nature or the hostile land.
But he is crushed
Between the obsessive fear of a hell
And the always more unexpected turns
Of hatred and injustice
Until the day when death
Finally taking pity on him
Will come and make him forget everything.


Règne des cendres

L’ombre menaçante
D’un cable rougi
Sur des décombres fumantes…

Les serres terribles
Des féroces oiseaux de proie
Sur des cadavres calcinés…

Des fleuves de feu
Roulant sinistrement
Noyant dans leurs buillonnantes entrailles

Les fuyards éperdus…
Le mercredi des cendres est roi.
Le temps s’est arrêté pour la calcination totale

On n’aura point une prochaine aube.
De grands seigneurs défroqués
Impassibles, mènent la marche

Dans les cendres infernales.
Les démons de l’enfer sont lâchés
Adieu humanité…

Reign Of Ashes

The threatening shadow
Of a reddened cable
On smoking rubble . . .

The terrible claws
Of ferocious birds of prey
In the calcinated corpses . . .

Rivers of fire
Rolling ominously
Drowning in their boiling entrails

The lost runaways . . .
Ash Wednesday is king,
Time stopped for the total reduction to ashes.

We will not have a next morning.
Grand defrocked, impassible lords
Lead the march

Into the infernal ashes.
The demons of hell are let loose.
Farewell humanity . . .


Prologue

Mort à midi
Ici le matin
Là l’après-midi
Une épine dressée
Pour chaque pupille
De la nuit.
Où sont les lunes ?
Lui, ombre du cactus
Aux lunes écarlates
Dont la tige d’apaise
De sable miroitant
De soleils écrasants
De souffles brûlants
D’urine de scorpions
Et de vipers.
Où sont les lunes ?
Le silence mortel
Et le mirages reculants
Les auraient-ils englouties
Malgré leur redoutables dards ?

Prologue

Death at noon
Here the morning
There the afternoon
A thorn sticking out
For each pupil
Of the night.
Where are the moons?
For him, shade of the cactus
Whose stem subsides
From gleaming sand
From crushing suns
From burning breaths
From scorpions
And vipers’ urine.
Where are the moons?
Could the mortal silence
And the receding mirages
Have swallowed them up
Despite their dreaded stingers?

Keith Cohen, born in Quantico, VA, in 1945, is a retired professor of French and comparative literature who has published in the areas of literature/film and Caribbean poetry. His translation of Histoire de la virilité is forthcoming from Columbia UP. He is also a prose writer (Natural Settings, 1981).

Son of humble peasants, Denizé Lauture left Haiti in 1968. A machinist and welder, he had not graduated from high school. He continued these professions with attending The City College of New York. He received a B.A. in Sociology in 1977, a M.S. in Bilingual Education at CCNY; M.A. in Spanish Literature at Lehman College, graduate studies at Fordham University and at the Graduate Center. He writes in Haitian Creole, English and French. He has published eleven books. Children’s books with Penguin Putnam , Simon and Schuster and Educavision; poetry in English with SubPress, New York: A Kiss to the Land, 2017, The Black Warrior and Other Poems, 2005 ; two major French books: Les dards empoisonnes du denizen (2015), Les Lunes d’or du cactus (2017) with the Trilingual Press in Boston. He also published four books in his native language; and Denizens of Hope , a bilingual book, CC Marimbo (2015) Berkeley, CA. Denizé’s commitment to his homeland has resulted in the building of 16 artesian wells in the region where he was born. He also recently sent 45 boxes of books to a small library a small library he helped create in a school located in his birthplace region. He is the founder of Total Kindness LLC. Some of his poems have appeared in: Artist and Influence, (Hatch-Billops Collection), Black American, Literature Forum( Indiana State University), Callaloo, Johns Hopkins University, Liberation Poetry (Trilingual Press), Illuminations ( College of Charleston), The Poetry of Everyday Life,(City Lore, New York). Denize lives in the Bronx, New York and taught Haitian Creole and Culture, Bilingual Education, French Language and Literature, Spanish Language at Saint Thomas Aquinas College. He recently signed contracts for a children’s book and a novel in Creole with Educavision, a Haitian publisher in Florida.